Journées romandes des arts et métiers 2022 | Union suisse des arts et métiers usam | Organisation faîtière des PME suisses

55es Journées romandes des arts et métiers

Organisée les 23 et 24 juin à Champéry, l’édition 2022 des Journées romandes des arts et métiers est placée sous le thème «Perspectives et horizons» avec:

Guy Parmelin, Conseiller fédéral chef du DEFR

Horaires et lieu des conférences

  • Ouverture: 23 juin 2022 Ă  9h45
  • ClĂ´ture: 24 juin 2022 Ă  12h30
  • Lieu: Palladium de ChampĂ©ry (Website / Google Maps)

 

Programme des conférences

Programme 55es Journées romandes des arts et métiers
FICHIER PDF

Nouvelles de Champéry

Jeudi, 23 juin 2022

10h30: Pierre Daniel Senn, vice-président de l’usam, ouvre les feux de cette 55e édition des JRAM. Notre réflexion portera sur les moyens de changer le monde et en particulier sur les start-up. Un terme qui n’échappe pas au flou et qui a été lancé avec la vague informatique avant de se propager comme les champignons. Chaque époque essaime de nouvelles jeunes pousses avec ses nouvelles technologies. De l’autre côté, le contexte international est tendu. Quels sont les ressorts pour se lancer aujourd’hui dans le vaste monde? Je vous souhaite bien du plaisir, que vive le débat libre et critique. Bon séjour!



Débats animés par Pascal Schouwey.

10h41: Thomas Veillet, chroniqueur économique. A propos du retour de l’inflation. Le patron de la Fed a d’abord dit que c’était transitoire, puis il est revenu sur ses propos. Pour se projeter, je n’en sais absolument rien. Une chance sur deux pour que ça monte. L’inflation est une hausse globale des prix. Bon, ça érode la valeur de la monnaie et notre pouvoir d’achat. Regardons les chiffres. Sur les marchés financiers, on nous parle de ce qui se passe aux Etats-Unis. La Fed a pris les choses en main et monté les taux d’intérêts pour freiner l’inflation. Comme un paquebot qui freine trop tard dans un port. La BNS a bien anticipé les choses. On aurait un coup d’avance. Pour une fois qu’une banque centrale a un coup d’avance. Le risque en Europe, c’est que ça parte en vrille sans contrôle possible.

Chacun y va de sa méthode. On calcule l’inflation de différentes manières. Deux choses importantes dans les composantes, c’est l’énergie. On a un pétrole à 103 ce matin. C’est un gros problème à gérer. L’autre, c’est l’immobilier. Les loyers. Surtout si les taux remontent. Le pétrole monte, il y a d’une part le facteur Russe, un manque de pétrole sur le marché. Personne n’a intérêt à faire baisser le prix du côté des producteurs. Ils ne veulent pas. Puis les infrastructures vont devoir être rénovées pour augmenter la production. Entretemps, l’investissement responsable est arrivé et c’est mal vu d’investir dans les infrastructures. C’est non négligeable.

Les experts sont tous d’accord, cela ne peut que monter. On est passé de moins 39 dollars le baril à 103 aujourd’hui. On pourrait passer à 140 d’ici la fin de l’année. C’est la bonne nouvelle. Souvent, c’est le contraire qui se produit. Depuis que les experts se sont prononcés, c’est déjà descendu de 15%. Monsieur Biden essaie d’amortir la progression du pétrole. Les élections pour son parti approchent. Il aurait le droit de supprimer les taxes sur l’essence. Le seul problème, c’est que la demande réelle ne va pas changer. La seule chose, c’est le pouvoir d’achat qui va diminuer. Ces 18 centimes de rabais s’appliquent aux majors pétroliers, mais ce n’est pas donné, ils n’ont aucune obligation de le faire. Le seul moyen de le faire baisser, c’est une vraie récession. Mais aux Etats-Unis, si on annonce une récession, les gens vont changer de comportement. Aujourd’hui 50% s’attendent à une récession d’ici la fin de l’été. Comment les taux vont-ils évoluer ? On vit l’instant présent. On est terrorisé par l’arrivée d’une inflation mais si les chiffres changent, le marché va complètement changer. Pour baisser le prix du baril, il faudra faire baisser la demande.  Depuis 20210 , les forages diminuent. Les inventaires ne font que baisser.

Dans les composants de l’inflation, on trouve le prix des légumes. Un facteur très important, c’est ce qui me fait un peu peur, c’est le côté immobilier. Sur les hypothèques à trente ans aux USA. En deux ou trois mois, on est passé de 2,6% à 6% On a une chute du marché immobilier qui se prépare. Si les taux directeurs montent, on passera à 8%. Avec une multiplication du loyer par deux et une consommation des ménages. Le consommateur est la machine du système américain. Je parle en live, on commence seulement à parler du mécanisme immobilier. On est dans une situation critique. Le marché a pris 15% en une année. Plein de gens se sont endettés. La BNS a anticipé les choses et on peut s’attendre à une nouvelle augmentation avec impact sur la demande immobilière.

Voici une formule mathématique que vous pouvez utiliser. La seule chose qu’on peut faire, c’est de monter les taux. En amont, en aval ou pile dedans. Que dois-je faire avec mon argent quand il y a de l’inflation ? Le S&P 500 a décliné depuis le début de l’année. Dans un marché inflationniste, tout ce qui est croissance est à oublier. Le nouveau Tesla est arrivé en bourse il y a six mois. C’est monté en une journée, et cela s’est dégonflé. C’est le massacre même pour des boites de croissance. Leurs dividendes sont inexistants, donc elles chutent.

Sur les classes d’actif, l’or ne gagne pas, mais il ne perd pas. Il permet de rester riche. Les grands family office ont entre 5 et 8% en or physique. Les actions marchent aussi, en prenant une approche optimiste, avec des phases de corrections. Il faudra ensuite un cycle de baisse des taux pour relancer l’économie. Il va falloir anticiper un peu. Pour ma part, je pense que les bourses vont baisser. Quand les fins de cycle arrivent, des gens décident d’arrêter. Je me suis tapé 7 ou 8 crises. Chaque fois, des gens m’appellent pour tout vendre. Six mois après ils ont un copain qui fait ceci ou cela et ils reviennent. Mon prof de golf a lancé une boite de trading en 2000 et six mois plus tard, il m’appelait pour donner des cours de nouveau.

Les cryptos, c’est un truc qu’on nous a vendu comme un truc anti-inflationniste. Bein non, il fallait acheter de l’or. On nous a dit que c’était le nouvel or, mais ce n’est pas pour tout de suite. Voici un graphe qui montre comment les choses vont se passer (head & shoulder, baisse de 70% du bitcoin). Seule une minorité de gens comprennent ce que c’est. On est en train de revenir à la réalité.

Tout ce que j’ai envie de dire, c’est qu’on va s’en sortir, on vit les mêmes phases psychologiques, doute, déprime, panique, découragement, après la dépression. Et après on pourra recommencer. Là, on est dans la phase de découragement. Pour la Suisse, pas trop de soucis à se faire. La BNS fait un super boulot et ils ont anticipé. Mais la problématique à gérer, ce sera celle du pétrole avec un baril plus haut. Mais aussi, il y a beaucoup de certitude.

Question: vous avez parlé de l’or, quid de l’argent, est-ce manipulé?

L’or ne fait pas grand-chose, c’est un peu décevant. Le cuivre monte pour des raisons industrielles. L’argent n’a pas tellement performé. On a ce monopole de l’or. L’argent fait partie de la thématique. Il y a aussi les matières premières alimentaires, cela va nous tomber dessus. Les céréales d’Ukraine et de Russie, cela va être compliqué.

Trois tonnes d’or russe sont arrivées chez nous, qu’en penser?

C’est plus une question politique. Les quantités sont limitées sur la planète. Si on entre dans une crise, je ne suis même pas sûr que cela ferait exploser les prix.

Sur les salaires, quels tuyaux donnez-vous?

Quand l’inflation sera revenue à la normale, on pourra discuter des salaires.



11h30 – Table-ronde: international business des start-up

Débat animé par Pascal Schouwey.

  • AndrĂ© Tassistro, Fondateur & CEO Foodetective (AT)
  • Iber Delija, Manager Swiss CannaMed SA (ID)
  • ClĂ©mence Hermann, Business Development Manager Spirecut (CH)
  • Sylvain Jaccard, Directeur S-GE Suisse romande (SJ)

ID: Notre clientèle va de 18 à 90 ans. Pour le financement, pas de financement bancaire, pas de pression sur les résultats. Ça prend du temps et il faut être réactif sur ce marché.

SJ: Une start-up devrait pouvoir s’adresser en Suisse parce que c’est un marché qui permet de tester le tout. Parfois il faut calmer les esprits.

CH: en Medtech, on part de l’idée d’aller sur plusieurs marchés. C’est très rare de se spécialiser sur le marché suisse.

ID: c’est compliqué dans les législations. Nous sommes prêts. La Suisse bénéficie d’une bonne réputation sur les produits du cannabis.

AT: pour rentrer sur le marché américain, il faudra travailler avec des entreprises locales. Sur la gestion des commandes, on travaille avec différents livreurs en Suisse. Mais aux Etats-Unis, ce sont des entreprises différentes et il y a tout un travail technologique.

CH: nous avons obtenu des brevets, c’est important dans la chirurgie. Nous travaillons avec une agence de brevet à Lausanne.

SJ: sur les conseils en matière de brevets, c’est une question qui se pose souvent en Suisse. Est-ce toujours nécessaire. Si vous allez en Chine avec un brevet, et que vous vous faites copier, so what ? avez-vous les moyens de vous défendre. Cela peut prendre des années de procédure. Le jeu en vaut-il la chandelle.

AT: sur les brevets, ce n’est pas possible dans le software. On peut déposer des marques. Sur l’analyse des risques, on essaie de pondérer.

ID: On a navigué à vue pendant la pandémie. Faut être rapide, pouvoir changer de direction. Ce qui est important pour nous, c’est le Swiss Label, le swiss made.

AT: dans une start-up, on va d’abord tester pour voir si cela prend. Et ensuite seulement, on investit et on fait des analyses des risques. C’est dans la nature d’une start-up, de se lancer et de voir ce qui se passe. Nous pensons que le potentiel en Suisse est énorme et nous devons tout faire pour soutenir cela. C’est pour cela que nous restons ici et que nous ne nous installons pas l’étranger, même si cela serait facile.

SJ: sur la promotion de la Suisse, heureux d’entendre que AT souhaite rester en Suisse! Nous cherchons à attirer les talents, ailleurs, en Europe. Est-ce que nous avons accès aux marchés, par les accords de libre-échange. Les warnings sont au rouge dans l’Union européenne. Le problème du financement est le plus sérieux. Trouver des investisseurs étrangers, nous ne pouvons pas le faire, nous ne voulons pas mettre des entreprises suisses en main étrangères.

Jeudi 23 juin - Après-midi

14h30: Podium de discussion

Débat: l’ambition des start-ups face aux idéalismes politiques
  • Animation: Pascal Schouwey (PS)
  • Olivier Feller, Conseiller national PLR Vaud (OF)
  • Babette Keller Liechti, Keller trading SA (BKL)
  • Majbritt Byskov-Bridges, COO & Co-Founder Alver World SA (MBB)

BKL: leader mondial en micro-fibre dans divers secteurs. Les entreprises qui développent de nouvelles choses, sont des start-up.

MBB: Leader dans les micro-algues alimentaires, nous sommes une foodtech, nous sommes deux femmes fondatrices. Nous avons créé une société durable pour avoir plus d’impact

OF: nous avons adopté une loi sur l’innovation et les start-up. Le Conseil fédéral a avancé le projet de fonds financement de l’innovation. Peut-être cela se concrétisera-t-il dans cinq à dix ans après le passage aux Chambres ? (rires). Dans d’autres pays, on combine le public et le privé, nous aurons peut-être une valeur ajoutée sur ce point. Mais ce ne devrait pas être une réaction face à la mise à l’écart de programmes de recherche européen.

BKL: je suis en train de lancer une campagne humanitaire avec médecins sans frontières. Je vais mettre un de nos produits à votre service, ils ont accepté mais nous nous sentons seuls pour lancer cette campagne. J’ai obtenu une aide pour acheter mes machines auprès de la chambre du commerce. Sinon, je n’ai jamais rien reçu, même pendant la pandémie. On m’a demandé de faire une certification, j’ai investi un demi million pour fabriquer des masques, puis la Suisse s’est alignée sur l’UE.

MBB: nous avons plusieurs brevets, il était important de travailler avec les universités. Mais ensuite, plus rien. Nous sommes les leaders sur le marché européen. Nous avons besoin de passer à la suite et nous n’avons plus de soutien. On est dans la vallée de la mort. Il nous faut des moyens pour avancer, parce que des tas d’autres joueurs sont en train d’attendre pour entrer. Les fonds nous permettent de continuer à innover pour garder le leadership. Trois levées de fonds jusqu’ici. On sait que le produit marche, mais nous avons besoin de l’aide de l’extérieur pour le scaling-up.

OF: il est vrai que dans un premier temps, les aides fonctionnent. Mais cette deuxième étape de montée en puissance met en évidence des manques. Peut-être qu’une participation du privé doit être mieux valorisée par la politique. Il faudrait ajouter cette flexibilité institutionnelle. Aujourd’hui, nous sommes en haut du classement, mais il faudrait pouvoir le rester. Qu’est-ce qu’une start-up ? si je suis boulanger et que j’ai du succès avec une pâte innovante, on ne considère pas que c’est une start-up. Il y a donc l’innovation, la tech et aussi une possibilité et un risque au plan financier. C’est vrai que cela ne correspond pas à la culture politique  en Suisse, proche du capitalisme rhénan, de la paix du travail, moins proche des outils du capitalisme anglo-saxon. Il faut parfois bousculer l’économie, au plan structurel.

BKL: j’ai un point important. En Suisse, l’agriculture animale est le plus grand contributeur à une économie non durable. Fribourg nous a demandé de réfléchir à la suite, à des protéines durables – après la viande et le fromage. De passer à une étape ultérieure. On peut faire mieux, beaucoup mieux.

OF: l’aide aux PME passe par le cautionnement, mais il n’y a pas vraiment de politique publique pour les PME. Si cela marche en Suisse, c’est parce que les gens se débrouillent sur le terrain. Au nom du monde politique dans toute sa diversité, je ne peux pas laisser dire qu’on ne fait rien pour les start-up. (A l’adresse de BKL) : vous évoquez la problématique le droit du travail. Nous avons une loi qui est très axée sur la réalité industrielle. On n’est pas sensé noter une bonne idée si elle arrive en dehors des heures de travail. Voilà ce que l’on pourrait faire pour améliorer la situation des start-up.

MBB: on a passé des années de recherche et développement pour être au top. Puis, deux ans à se défendre face à un concurrent parce que nous avons utilisé le mot detox sur notre site Internet. Bien sûr ce mot a été vulgarisé. On doit faire toute cette paperasse pour un mot et Innosuisse n’a pas pu nous aider.

PS: j’ai créé une entreprise et ce n’est pas normal de devoir refaire tous les papiers si on change de commune !

OF: C’est peut-être plus compliqué, votre exemple confine à l’absurdité, mais c’est plus stable, même si la réglementation étatique coûte aujourd’hui beaucoup trop d’argent à l’économie.

MBB: Pour les start-up, c’est impossible d’obtenir un prêt bancaire. Trop de risques. Nous mettons notre vie et celle de nos familles en standby. Il faut se financer soi-même pour développer la société. Ensuite, le risque que cela rate. Mais ce n’est pas le but. L’idée est d’aller de l’avant, pas de faire de l’argent. Il faut faire des levées de fonds, cela prend beaucoup plus de temps. Pour les PME, c’est bien plus facile d’emprunter de l’argent.

OF: le financement est essentiel. Mais le réseau l’est tout autant. Si un chercheur indien ne peut plus avoir de contacts avec des collègues d’autres universités européennes, il ne va pas forcément rester à l’EPFL. Même si le lac est superbe. J’ai là quelques inquiétudes.

BKL: j’ai pris l’habitude de me débrouiller. J’aimerais tricoter de la microfibre en Suisse. C’est complexe, cela prend du temps de travailler avec Innosuisse.



L’ambiance était jeudi soir aux retrouvailles – avec la partie plus festive des JRAM. A savoir, raclette, convivialité, belles discussions et moment musical. Une chouette soirée sur les sommets!


Vendredi 24 juin 2022

09h00: podium de discussion

Le changement structurel: disruption technologique
  • Line Pillet, Association Femmes PME Suisse romande (LP)
  • Rico Baldegger, HEG-FR (RB)
  • Nicolas Durand, Abionic SA (ND)

ND: Issu de l’EPFL, nous proposons des outils pour permettre des dépistages (septisémie par ex) anticipés. Mais les investisseurs souhaitent un retour sur investissements à 10 fois et non deux ou trois fois. Nous jouons sur une corde plus philanthropique.

RB: Le grand défi est de mettre en place une techno disruptive. On cherche des entreprises qui ont un impact une industrie, une société. C’est important d’associer les jeunes générations. Il faut avoir cette partie disruptive dans la tête. C’est un défi pour l’enseignement. Il faut créer un esprit de disruption, out-of-the box thinking.

LP: le titre de cette conférence m’a fait disrupter. Après la pandémie, la guerre en Ukraine, les problèmes d’approvisionnement, la pénurie énergétique et alimentaire. Le monde dans lequel on vit, ces événements soudains et rapides, les changements structurels. La question, c’est comment on se repositionne face à cela.

RB: au cours des dix dernières années, les grandes entreprises prennent des start-up pour voir si ça fonctionne. Elles utilisent les start-up comme leur nez. Pour détecter des opportunités. C’est un nouveau système plus agile, qui prépare mieux aux changements structurels.

ND: depuis l’âge de 14 ans, je voulais créer le prochain Nestlé ou Logitech. Avec tristesse, je constate que c’est devenu impossible. Notre seul espoir, c’est d’être repris par une grande société. La disruption, c’est d’accepter un changement et des technologies qui permettent de le faire.

RB: le rôle des grandes écoles favorise la partie disruptive. C’est difficile de faire sans. Il est aussi possible de décentraliser – face à l’arc lémanique et à Zurich.

LP: ces changements continuels nous rendent vivants. C’est exigeant, il faut pouvoir se remettre en question et entraîner ses équipes.

RB: parfois il faut savoir changer ses équipes. Chaque entreprise a une phase de vie. Il faut savoir se demander si l’équipe est encore faite pour tel ou tel changement. D’autres entreprises sont stables. Une grande différence entre PME et start-up concerne la partie croissance. PME, c’est la partie stabilité, évolutive. La start-up, la forte croissance, la révolution.

ND: le terme start-up est encore mal connoté dans l’industrie. Le fonds technologique est un outil qui manque dans notre pays. J’aimerais que les gens comprennent mieux le besoin, si on veut connaître dans ce pays les prochains Logitech.

RB: on investit beaucoup dans les start-up. Mais qu’en est-il des PME ? Est-ce qu’on devrait investir dans la partie succession? On pourrait en faire beaucoup plus. Je comprends les entrepreneurs qui estiment qu’on les oublie. Il y a là quelque chose à faire en Suisse. A commencer par les PME. Organiser des stages dans les PME. Il faut aider les PME à augmenter leur capacité dans les R&D.

ND: ne pas oublier un instrument pour les PME, c’est Innosuisse. C’est fait avant tout pour que les PME puissent développer de nouvelles technologies. Les chiffres mentionnés sur les investissements réalisés dans les start-up sont un écran de fumée qui ne correspond pas à la réalité.

RB: il faut planifier le « worst case scenario. Puis se réjouir si cela ne se passe pas. Si un entrepreneur ne pense pas à ces scénarii, son attitude n’est pas entrepreneuriale.

ND: on voulait développer un test covid rapide. Le Conseil fédéral n’a pas réagi. Avec des investisseurs, on a mis au point un test salivaire rapide. Cela n’a intéressé personne. On nous a mis des barrières, pas des bâtons mais des barrières. On nous dit que vous devez être enregistré en Europe, donc dans d’autres pays. Puis on nous dit, oui, mais vous êtes une entreprise suisse. Nous réfléchissons à transférer notre société. Je voulais apporter quelque chose à notre société. Mais je vois que ce que nous faisons n’intéresse personne ici.

LP: De plus en plus de femmes développent des start-up. En Suisse romande, dans les PME, nous sommes 450 femmes dans notre association Femmes PME Suisse Romande. Nous sommes bien placées pour percevoir les évolutions actuelles.

ND: pas forcément utile de faire une différence dans le type de soutien entre PME et start-up.

LP: à travers l’usam, on touche toutes les associations professionnelles et cela donne l’occasion de travailler ensemble. Durant ces deux jours, c’est une bonne occasion de pouvoir parler de l’intégration des start-up et des PME.

Vendredi 24 juin, 09h45 – podium de discussion

Crises et risques: you have to start-up!
  • Sarra Ben Bader, Program Manager Venturelab (SBB)
  • VĂ©ronique Besson-Rouvinez, Valais excellence (VBR)
  • Dominique Gruhl-BĂ©gin, Innosuisse (DGB)

DGB: Nous avons vu un net déclin des start-up, une augmentation du taux de faillite. La crise a laissé des traces. La crise a joué le rôle d’accélérateur aussi. Les start-up sont plus agiles. Mais celles qui étaient plus fragiles ont cessé leurs activités.

VBR: nous mettons les start-up en Ă©vidence et nous les valorisons.

SBB: pendant la pandémie, j’ai travaillé dans deux start-up. On était tous ultra angoissés, mais toute l’équipe a bien gérer la situation. L’une d’elle a même triplé le nombre d’employé durant cette période.

VBR: pour certaines entreprises, la vie n’a pas changé. Certaines ont totalement arrêté. Ils ont aussi eu le temps de réfléchir et de mettre en route les innovations, sans forcément avoir les financements.

Sur le fonds technologique:

DGB: l’administration devra définir la meilleure forme. Sans de bonnes conditions cadres, elles s’expatrient déjà. Je n’ai pas de chiffres, mais cela se fait de manière séquentielle. Par une filiale par exemple, avant l’expatriation totale. L’orientation digitalisation et environnement aident à faire passer le fonds. Mais 90% de nos start-up développent des stratégies de durabilité et peuvent donc se positionner dans ce sens.

VBR: on sait où on peut aller chercher de l’argent. Ce serait le rêve que le porte-monnaie puisse s’ouvrir plus facilement. Mais j’ai une pénurie de main d’œuvre et dans mon cas, cela ne sert à rien d’aller de l’avant si on n’a pas les ressources humaines.

DGB: notre budget suisse est essentiellement destiné aux PME. Le soutien aux start-up, c’est quelque chose de différent. En ciblant avec ce fonds d’innovation sur les start-up, on fait exactement ce qu’il faut et sans rien retirer aux PME. Quant au crowdfunding, c’est un plus, mais sans

VBR: nous sommes pour notre part plutôt dans des entreprises familiales et souvent l’idée n’est pas d’ouvrir le capital. Dans la brasserie, nous développons diverses bières, nous mandatons un partenaire qui est devenu un ami pour développer des nouveautés.

Sur la crise…

SBB: en temps de crise, il y a plus de besoins, donc la recherche de solutions est là. De nombreuses start-up ont été développées durant cette période. En tant qu’entrepreneur, habitué au risque, la crise n’est pas un frein.

DGB: oui, la crise est une opportunité réelle pour se lancer.

VBR: oui, la crise est un tremplin. Il faut y aller. Si on attend sa fin, on se fait rattraper.

SBB: il faut pousser les femmes à se lancer dans des études comme l’ingénierie, les fintechs, des domaines où de nombreuses nouvelles start-up sont lancées.

VBR: le chiffre de 46% de femmes est une belle surprise. Voir des exemples féminins qui ont réussi et sont capables. Le tournant de génération est passé, nous devenons des exemples pour motiver d’autres femmes à créer des entreprises.

Sur les investissements, plus importants dans les start-up dirigées par des hommes?

SBB: ce biais est là depuis longtemps et ancrés en nous.

DGB: les questions posées aux femmes et aux hommes dans les projets sont différentes. C’est une approche plus défensive pour les femmes, plus orientées vers le succès pour les hommes. Mais de plus en plus, les investisseurs cherchent des équipes mixtes. Cela apporte une plus-value à l’entreprise. Les équipes mixtes sont beaucoup plus stables et résistent mieux aux crises.

11h00: Guy Parmelin, conseiller fédéral.

Quel terreau fertile pour les start-up?

Je vous remercie de votre invitation à tutoyer les Dents-du-Midi. C’est toujours agréable de pouvoir s’oxygéner les poumons et l’esprit, de prendre de la hauteur par rapport aux problèmes qu’un ministre de l’économie rencontre au quotidien. Champéry est une étape intéressante pour ce faire. Elle a longtemps vécu de l’agriculture et du mercenariat, puis s’est reconvertie dans le sport et le tourisme, elle partage une longue frontière commune avec la France et s’est jadis farouchement opposée aux gouverneurs hauts-valaisans. Elle pose du fait même de son histoire et de son statut des questions transposables à l’ensemble de la Suisse. Sur les facteurs de notre croissance économique, sur nos relations avec l’étranger, sur notre indépendance et notre autonomie.

Quel terreau fertile pour les start-up. Vous avez choisi de mettre un point d’interrogation à ce qui aurait pu tout aussi bien être une exclamation. Ce sujet intéresse l’ensemble de notre économie.  Structure temporaire de l’innovation, la start-up cherche en fait à durer. En créant des richesses, des emplois, de la créativité, du leadership dans son secteur. Et à ce titre, la start-up est un reflet de l’économie suisse en modèle réduit. Si ce mode d’entrepreneuriat a trouvé dans notre pays un terreau si fertile, c’est grâce au fait que les start-up utilisent une matière première dont notre pays regorge. Des talents, des connaissances issues de nos instituts de formation et de recherche, afin d’élaborer des produits et des solutions à forte capacité d’innovation tout en facilitant l’opération de transition numérique dans laquelle nous sommes engagés depuis plusieurs années.

Investir dans les start-up, c’est investir en quelque sorte dans quelques-unes des valeurs-phares de notre économie. Cependant, l’innovation ne doit pas se concevoir comme une fin en soi, comme un exercice de style pour le professeur Nimbus. Elle sert au contraire des objectifs identifiés et elle permet, par l’entremise des start-up, notamment de résoudre les défis sociétaux urgents de notre époque, qu’ils soient sanitaires ou environnementaux. En 2019, la Suisse comptait 1,71 start-up pour 100 000 habitants. Ce chiffre ne veut pas dire grand-chose en soi, si ce n’est qu’il révèle une progression constante qui permet à notre pays de combler son retard sur Israël et les pays scandinaves qui sont tous connus pour figurer au top de référence dans ce domaine. Aujourd’hui par exemple, la Suisse compte une densité de start-up plus élevée que la Suède ou la Finlande. Et puis ce chiffre reflète aussi la crédibilité des start-up et donc leur capacité à générer du financement. Ce chiffre est dès lors un indicateur encourageant de la qualité de la formation supérieure  Suisse et des prédispositions de nos diplômés à faire vivre ce savoir, à le transformer en services au bénéfice du bien commun.

Quel terreau fertile pour les start-up. Je viens de donner quelques éléments liés à la formation, à la recherche et à un certain état d’esprit. La start-up au fond, c’est comme la politique. Il lui faut de la «Stimmung» pour avancer, de l’audace pour créer et du «Team Spirit» pour se sentir en confiance. Et puis tout le monde va vous le dire, si le savoir-faire, c’est bien. Mais le faire savoir, c’est bien aussi. Dès lors, les outils de promotion de l’innovation sont au moins aussi importants que l’innovation elle-même. Au niveau fédéral, je vous confirme que les derniers chiffres d’Innosuisse, l’agence pour l’encouragement de l’innovation, sont tout à fait réjouissants pour l’année 2021. Nonobstant une augmentation de 13% des demandes de soutien à des projets d’innovation, le taux s’est maintenu à 50% environ. Une partie de la fertilité du terreau suisse des start-up dépend évidemment de nos conditions-cadres. Or ces dernières ne sont jamais aussi efficaces que si elles tiennent compte des réalités et des besoins du moment, lesquels évoluent par définition constamment. Et cela vaut pour les conditions qui s’appliquent aux start-up. Donc mon département a été chargé par le Conseil fédéral d’examiner les pistes d’amélioration. Je les entrevois personnellement dans les processus de transferts de technologies pour les spin-off, les hautes écoles, l’accès à la main-d’œuvre qualifiée des pays tiers, dans le soutien au dépôt de brevets dans les hautes écoles. Ou encore dans la mise en place d’initiatives entrepreneuriales dans ces mêmes établissements. La Confédération introduit aussi de nouveaux instruments nés de l’assouplissement né de l’assouplissement des conditions d’encouragement à l’innovation. Ainsi et pour la première fois cette année, Innosuisse financera-t-elle directement certaines des PME et des start-up les plus prometteuses. Nous nous attendons à ce qu’une quarantaine de projets à très forts potentiels d’innovation en soient les bénéficiaires.

Je dois néanmoins relever que des progrès peuvent encore être faits en matière d’accès au financement en phase de croissance. Car si nos start-up trouvent désormais assez facilement des financements à ce stade de leur évolution, ce n’est pas le cas de ce qu’on appelle les «Scale-up». Des réflexions sont d’ailleurs en cours pour remédier à cette situation.

Reste à évoquer ici un volet qui nous est cher à tous, la liberté. De même qu’un oiseau ne peut s’élancer avec les ailes repliées, de même n’y a-t-il pas de force d’innovation si les entreprises ne disposent pas d’une liberté d’entreprendre suffisante. C’est là que je plaide pour que la réglementation tienne compte de cette réalité. Et dans cet esprit, le Conseil fédéral adoptera cette année encore le message relatif à la loi sur l’allègement des coûts de la réglementation pour les entreprises ainsi que le message relatif à l’introduction d’un frein à la réglementation. Je n’entrerai pas dans le détail de ces textes si ce n’est pour vous dire qu’ils visent pour l’essentiel à chasser les dispositions inutiles des nombreux projets de loi et à identifier le potentiel d’allègement de ceux-ci. C’est une vaste tâche, croyez-moi – et qui ne s’achèvera pas avec Guy Parmelin (rires) tellement l’administration sait admirablement répondre aux attentes des élus quand il s’agit de renforcer les contrôles et les contraintes. Lorsque je rends visite à des start-up et cela m’arrive assez souvent, l’un des points les plus fréquemment soulevés concerne des obstacles en matière d’exportation. C’est là l’un des véritables problèmes pour nos PME, attendu qu’elles représentent 42% des exportations et 60% des importations. Or nombre d’entre elles n’ont pas de filiales à l’étranger et n’ont pas les ressources suffisantes pour se mouvoir avec aisance dans la jungle des normes internationales légales ou commerciales.

C’est pour cette raison que je me suis battu avec acharnement pour faire aboutir la proposition gouvernementale de suppression des droits de douane industriels. Elle sera une réalité en 2024. Une réalité bienvenue appelée à faciliter l’importation de produits industriels et à permettre aux entreprises d’accéder à des intrants moins chers. Il faut s’attendre à ce que de nombreuses formalités administratives disparaissent au passage, ce qui devrait là aussi rendre les échanges plus aisés. Et pour cet objet, il a fallu du travail avec votre organisation et les membres du Parlement.

Mesdames et Messieurs, il reste encore certaines pistes à explorer pour que le développement de nos start-up soit encore plus fructueux. Nous devons d’abord faire avancer la numérisation des permis de travail relevant du droit des étrangers. Les annonces pour les personnes admises à titre provisoire et les réfugiés, ainsi que les demandes d’autorisation pour les frontaliers sont déjà disponibles en ligne pour les cantons pilotes. La prochaine étape consistera à délivrer des permis aux prestataires de services de l’UE, AELE et des pays tiers. Ensuite, en matière de fiscalité, le Conseil fédéral est ouvert à l’idée d’une compensation illimitée des pertes pour toutes les entreprises confinées à une imposition minimale. Il examine cette possibilité dans le cadre de la mise en œuvre d’une motion de la Commission de l’économie et des redevances du Conseil national intitulée «Pour un traitement fiscal concurrentiel des start-up». Troisièmement, les impôts sur le capital et la fortune, qui consomment de la substance ont des incitations économiques fondamentalement négatives. C’est pourquoi le Conseil fédéral estime qu’un transfert de l’impôt sur le capital et la fortune vers un renforcement de l’impôt sur les bénéfices mérite à tout le moins d’être examiné. Enfin, la suppression de l’attestation authentique par un notaire lors de la création et de la dissolution d’une entreprise à structure simple, ou la libéralisation du notariat par le processus dit de libre-circulation des services, pourrait également alléger la charge des start-up. Ce sont des mesures que je vous cite et qui n’ont pas encore trouvé de majorité au Parlement.

Comme vous pouvez le constater, malgré un environnement déjà largement favorable pour nos start-up, nous pouvons faire encore mieux. Le Conseil fédéral le sait, il en est conscient et il reste vigilant pour améliorer constamment nos conditions-cadres. Mais il ne peut pas y parvenir seul. Il doit pour cela pouvoir compter sur la collaboration de l’ensemble des acteurs concernés pour que les améliorations aient des effets aussi largement bénéfiques que possible. L’usam est précisément l’un de ces acteurs et je me réjouis qu’elle soutienne politiquement les projets de réforme ou d’allègement que je viens d’évoquer. Au plan opérationnel, je lui sais gré d’avoir soutenu le projet Easygov depuis son lancement. C’est ainsi qu’un représentant de l’usam siège dans le groupe d’accompagnement économique et peut ainsi faire valoir activement les intérêts et les idées en faveur des PME. C’est vous dire encore une fois que le chemin continue et notre collaboration avec lui. Il est en effet heureux de pouvoir concevoir cette approche dans un esprit de long terme. Cela prouve que les métiers d’innovation et de compétitivité sont des métiers d’avenir, de notre avenir. Et je vous remercie encore une fois de nous aider à dessiner cet avenir sous un jour plus clair et je vous remercie de votre attention.



12h00 – Discours clôture, Fabio Regazzi, président de l’usam

Monsieur le Conseiller fédéral Guy Parmelin, Mesdames et Messieurs,

Au terme de ces deux jours de conférences sur les start-up, permettez-moi de réitérer mes remerciements, respectivement:

  • au Conseiller fĂ©dĂ©ral Guy Parmelin de nous avoir rejoints ici Ă  ChampĂ©ry pour parler de start-up du point de vue de la ConfĂ©dĂ©ration
  • aux intervenants entrepreneurs et experts qui ont participĂ© aux tables rondes,
  • Ă  Monsieur Pascal Schouwey qui a assurĂ© l’animation de ces deux jours,
  • et Ă  vous chers participants.

Mesdames et Messieurs, chers participants,

Vous êtes désormais informés quant aux start-up et à leurs défis. Je vous exhorte vivement à mettre ces connaissances en pratique au bénéfice plus large des PME. À travers l’organisation de ces Journées romandes des arts et métiers, l’Union suisse des arts et métiers démontre son implication autant pour les PME que pour les start-up, les fameuses jeunes pousses.

Hier il était question de leurs défis d’expansion à l’international, mais aussi de leurs défis ven politique et face à la réglementation.

Aujourd’hui, nous avons encore vu quels sont dans l’évolution des entreprises, les caractères disruptifs des start-up et les évolutions à long terme. La question de comprendre pourquoi il faut se lancer même au cœur de la crise, car finalement il n’y a jamais de moment parfaitement idéal pour se lancer.

Avec Monsieur le Conseiller fédéral Guy Parmelin, nous avons pu constater que la Confédération veut soutenir les start-up, mais qu’il faudrait encore et surtout soutenir l’esprit d’entreprise.

Notre objectif à l’usam reste d’établir des conditions optimales pour la liberté d’entreprise sur un marché libre et d’introduire un frein à la réglementation. Ainsi la croissance économique sera soutenable.

Vous conviendrez certainement avec moi, qu’aucun investisseur ne fera des affaires dans un pays ceinturé de réglementation et à la merci d’un esprit de servitude.

Je terminerai mon allocution, en réitérant à tous, mes sincères remerciements pour votre participation active à ces Journées romandes des arts et métiers.

Maintenant retenez la date de la 56e édition des Journées romandes des arts et métiers le jeudi 22 et le vendredi 23 juin 2023.

Je vous remercie de votre aimable attention. Au revoir.



Nos partenaires

Haut de page