Politique en faveur des PME : la stratégie de l’usam
Alexa Krattinger, responsable politique fiscale et financière Mesdames les parlementaires – Mesdames les futures parlementaires. C’est quoi cette stratégie de l’usam? Notre boussole, notre phare. Aujourd’hui, nous visons la stratégie 2022. Mais qui l’inspire? Avec près de 500 000 PME, une base solide, une force qui monte et converge, la défense des PME. Notre action doit faire du sens et être durable.
Les PME créent de la valeur. Flexibilité, engagement, expertise. Nous voyons augmenter la densité normative: 60 milliards de coûts inutiles. L’usam recommande le frein à la réglementation, acceptée par les deux chambres. Ce frein permettrait de supprimer les doublons. Nous faisons confiance au conseiller fédéral Guy Parmelin.
Politique fiscale: nous avons trouvé un compromis qui a permis de rassembler une majorité. La liste des succès est longue. Aménagement du territoire, formation, femmes PME, marchés publics.
Et un appel: avec qui pourrions-nous avancer, avec un maximum de pertinence pour les PME – je lance ici un appel ! Nous souhaitons aussi soutenir les parlementaires avec la PME attitude de Laurence Parisot qui était venue l’année dernière. Plein succès à vous tous.
Débat entre Pierre-Yves Maillard (PYM), président de l’Union syndicale suisse USS, et Jean-François Rime (JFR), président de l’Union suisse des arts et métiers usam.
D’abord, comment ça se passe entre vous?
PYM: Il y a dans le partenariat des moments de convergence, des moments de divergence. Le partenariat social, c’est gérer les moments de lutte pour continuer à travailler ensemble. Même si on a déjà quelques désaccords.
JFR: Lesquels ? Sur l’accord cadre, on est d’accord. Bon, les syndicats sont un mal nécessaire (rires). On essaie de régler beaucoup de problème avec le partenariat.
Les patrons sont-ils des gens bornés ?
PYM: Parfois il faut créer la capacité d’écoute. J’étais secrétaire syndical à Lausanne. Dans la vente et dans les machines. J’ai géré une vingtaine de licenciement collectif pour gagner la capacité d’écoute. Je connais peu d’entreprises qui regrettent le résultat final. La Sapal est encore là. Notre but était de faire remonter les idées.
JFR: Les licenciements collectifs impliquent une certaine taille. Dans une PME de quinze personnes, le patron les a tous engagés, quand il doit licencier cela va mal.
Faut-il changer quelque chose chez les patrons ?
PYM: Lorsque la FTMH, on a eu une vague de licenciements. En allant au portail et en discutant avec les gens, la notion du patron qui licencie seulement quand ça va mal, cela avait changé.
JFR: Un autre sujet sur lequel on est d’accord. La loi sur les marchés publics. On a trouvé des solutions constructives pour garder les emplois en suisse.
S’il fallait changer quelque chose ?
JFR: Je ne vois pas quelque chose en particulier. Continuer les négociations avec un minimum d’intervention de l’Etat.
Vous avez dit que l’économie va bien. Qu’en est-il ?
PYM: On est dans une phase rare où le taux de chômage baisse, la croissance est bonne mais les indicateurs ont baissé en valeur réelle sur deux ans. Les salariés après 3-4 ans de bonne conjoncture se retrouvent avec un pouvoir d’achat réduit. Même si cela va bien à l’intérieur, la pression extérieure existe. J’ai été sceptique sur la décartellisation, il faudrait garder un peu de régulation. Il va falloir reprendre le contrôle sur ce qui se passe dans notre pays.
JFR: L’économie va bien, certaines branches moins bien. Migros Coop etc sont généreux, mais pas du côté des salaires.
PYM: Il faut soutenir les branches qui ont de plus faibles masses salariales
JFR: Je me suis opposé à un système d’allocations familiales. De toute façon, elles sont plus élevées en Suisse romande. Donc une fédéralisation de ce sujet n’est pas souhaitable.
Congé paternité?
PYM: quatre semaines c’est raisonnable!
JFR: Est-ce que le patron pourra prendre un congé de paternité ? Il faudra faire le pas, c’est plutôt un problème pratique. Mais alors deux semaines.
PYM: Ce sera une bonne journée si on arrive avec un résultat. Je crois qu’on est mûr pour cela, le peuple décidera entre deux et quatre semaines. Dans dix ans, on ne se posera plus la question de leur utilité.
Numérisation
JFR: C’est une difficulté. On doit évoluer. Cela pose problème pour des gens qui n’ont pas de formation de base. On a pu passer des gens dans d’autres branches avec l’arrivée de machines, mais on ne pourra pas toujours y arriver.
PYM: Il y avait des dactylos, ce n’est pas pour autant que les métiers administratifs ont disparu. Je ne crois pas du tout à la fin du travail. Il faudra adapter les formations, et conserver un sens de la responsabilité sociale pour ceux qui ne se seront pas adaptés. Et de le faire dans le cadre du partenariat social.
JFR: Imposer les robots ? La Suisse ne doit pas faire cavalier seul. La loi sur les denrées alimentaires comprend 1500 pages d’ordonnance. On a des juristes encore plus pointilleux pour faire des ordonnances. D’où le droit de veto du Parlement sur les ordonnances.
Des risques de suppression d’emplois sur la numérisation?
JFR: Bien sûr que le risque existe réellement. Mais nous le vivons depuis un siècle et demi. Chaque année dans le Canton de Vaud, il fallait quelques centaines d’emplois dans la santé sociale, les soins à domicile, les EMS, les hôpitaux. Et on n’arrivait pas à en former assez. Pour la révolution numérique, il faudra trouver des mécanismes pour financer les formations.
Quid des relations bilatérales. Que faut-il clarifier?
JFR: Je n’ai jamais vécu une situation pareille. Il y a un tiers des points où on est d’accord, un tiers des points à modifier et un tiers où on n’est pas d’accord.
PYM: Je suis d’accord sur le fait qu’on n’a jamais vu un processus politique pareil. L’écart entre les pressions politiques et la façon dont le sujet est reçu par la population. La population commence seulement de percevoir de quoi on parle. Et les premières réactions ne sont pas évidentes. Personne n’ose lui proposer l’adhésion, mais on lui propose une reprise du droit européen. Avec à la fin une clause guillotine. Il y a aussi le chapitre des aides d’Etat qui sont interdites sauf une liste serrée d’exceptions. Chez nous que deviendrait la promotion économique ? Et les banques cantonales ? Avec des principes qui s’appliqueraient en cas de renégociation des accords existants. Les cantons devraient demander une autorisation préalable pour toute aide.
JFR: Qu’est-ce que nous coûterait l’indemnisation des chômeurs frontaliers ?
PYM: On nous demandait de régler tout en dix jours au 28 juin. L'UE veut avoir une ligne dure avec la Suisse parce qu'elle veut une ligne dure avec la Grande-Bretagne.
JFR: Le milliard de cohésion, si on arrive à un bon accord, je suis même d’accord qu’on le paie.
Politique extérieure: accord ou pas d’accord
- CN Philippe Bauer PLR/NE
- CN Claude Béglé PDC/VD
- CE Christian Levrat PS/FR
- CN Yves Nidegger UDC/GE)
Faut-il plus d’accord de libre-échange?
Levrat: Oui, car on gagne un franc sur deux à l’étranger. On essaie autant que faire se peut de redémarrer la machine multilatérale, puis par des groupes, dernier cas de figure, des accords bilatéraux. En Malaisie, le parlement a refusé par anticipation sur l’huile de palme. La gauche altermondialiste s’est liée à la droite dure. Il y a un travail d’explication pour faire passer ces accords. La moitié de nos emplois dépend des exportations et notre marché intérieur est minuscule.
Béglé: Oui, consensus il y a la possibilité de faire des accords de libre-échange est essentiel. Dissension il y a en revanche sur les conditions. Sur l’huile de palme, le débat portait sur la Turquie et les droits de l’homme. Erdogan n’est pas un modèle d’écoute, mais c’est un système politique qui fonctionne. Une partie de la gauche voulait le bloquer en attendant que le conseil de l’Europe ou l’Onu nous dise que la situation est revenue à la normalité. Un accord, ça doit être donnant-donnant. Avec Mercosur, on ne peut pas ne pas mettre la viande.
Bauer: Nous n’avons pas d’autre choix. Vingt milliards d’exportation pour l’horlogerie. Je suis donc cent pour cent d’accord de passer les accords de libre-échange. Mais le lobby agricole au National est minoritaire. Il parvient à faire capoter l’accord ou ajouter des clauses.
Nidegger: Face aux grands blocs, il est bon que la Suisse aie de bons rapports avec tout le monde. Comme on élit les gens pour décider, on court le risque qu’ils décident.
Position face à l’agriculture
Levrat: Comme élu, on ne peut pas mener une politique contre l’agriculture. Mais aussi, on est le pays le plus protectionniste au monde. Je suis prudent quand on nous annonce un accord avec les Etats-Unis et qu’il y a les questions agricoles. Il faut aussi éviter de vendre des illusions, le chemin est encore très long avant d’y arriver. Mercosur, c’est un hamburger par personne et par année…Mais pour certains, l’industrie laitière, on a des débouchés à l’exportation.
Bauer: Notre agriculture existe et il faut le reconnaître. Mais les grandes organisations ne doivent pas voir le sujet par le petit bout de la lorgnette.
Nidegger: expliquer aux paysans que c’est dans leur bien à long terme constitue un exercice didactique intéressant. Cela dit, trouver un consensus entre les affaires et l’agriculture est quelque chose que nous savons faire en Suisse.
Béglé: sur l’agriculture, on a presque toujours un accord UDC PDC. Très souvent au vote, les alliances sont différentes de gauche-droite. Face à l’agriculture américaine de masse, l’agriculture suisse n’y arrive pas. Mais sur les AOC. Valeur ajoutée : on est d’accord pour importer de la viande pour faire de la viande séchée. Sur Mercosur, ce que la Suisse gagne est vingt fois plus important que ce que la Suisse perd sur Mercosur.
Levrat: A Fribourg, c’est 20% des emplois. Sur la production sur des niches des produits à haute valeur ajoutée et libéralisons le reste, cela ne peut pas marcher pour une bonne partie de l’agriculture. On donne 4 milliards par année parce que cela correspond aux attentes des consommateurs. Sur les Etats-Unis, il faut y aller en restant lucide.
Nidegger: A tout prix, non, mais la Suisse doit se développer avec le monde tel qu’il est.
Levrat: si vous faites du commerce qu’avec des anges, vous ne ferez pas beaucoup d’affaires` ! les questions des standards sociaux et environnementaux et surtout la mise en place de ces standards. Car on a fait des progrès dans les standards, mais la mise en œuvre est critiquée. On souhaiterait que la Suisse soit plus active dans ces comités mixtes.
Ignazio Cassis, conseiller fédéral, chef du DFAE
Bonjour tout le monde, c’est un plaisir de revenir ici, je suis venu à Champéry sur des questions de santé. Quand on me présente d’être un grand spécialiste. Un bon généraliste s’occupe de l’être humain. Le 7 décembre 2018 et le 7 juin 2019, deux séances. Nous parlons d’un accord, un contrat pour développer l’accès au marché intérieur de l’UE. On est prédestiné à vivre ici. Après les Etats-Unis et la Chine, nous sommes le troisième marché de l’UE. Un milliard de francs par jour pour un marché de 500 millions d’habitants. Un milliard de francs par année avec l’Indonésie.
Il faudrait des dizaines d’année pour développer le même niveau d’échange. L’encadrement porte sur l’accès aux marchés. Une actualisation dynamique – nous devons transposer dans nos lois chaque modification du droit de l’UE, avec une application uniforme pour éviter de fausser la concurrence. Règle des huit jours : soit on trouvait une solution, soit le problème restait ouvert. Donc nous voulions introduire une justiciabilité pour créer une stabilité juridique, une meilleure prévisibilité, de la protection contre les discriminations, une concurrence loyale.
Dans les mécanismes institutionnels, la question du règlement des différends, celle de la surveillance et de l’interprétation du droit. Voici donc le cadre tel qu’il est posé. Dans le pipeline, nous avons un accord sur le marché de l’électricité pour entrer dans un réseau continental. On pourrait en rajouter d’autres, on déciderait de cas en cas.
Dans l’accord, il y a des exceptions, transport routier – pas de transports d’animaux vivants. Interdiction des 40 tonnes, etc.
Ce qui changerait? Le droit de participer à l’élaboration du droit de l’UE. En cas de reprise, 2-3 ans. La possibilité de ne pas reprendre avec un processus de rééquilibrage.
Ce qui s’est passé: après 4,5 ans, un texte : et une ouverture à la consultation au sens large. Les points principaux et les points contestés: salaire, citoyenneté européenne, aides d’Etat, règlement des différends, reprise dynamique du droit, clause de dénonciation.
Aide d’Etat comprend aussi une discrimination fiscale. Il y a eu des pressions politiques, les syndicats, votre association, des partenaires sociaux qui sont très attentifs à cela.
Voici la lettre que nous avons envoyée et les tweets de l’UE, avec la lettre de Juncker. Mais en douze jours on n’arriverait pas à répondre. On veut trouver une piste mais il faut être deux. La question boursière en fait partie. Sur la protection des salaires. L’Europe demande une directive actualisée sur les détachés, mais ce n’est pas une nouveauté. Les contrôles seraient faits par les partenaires sociaux et non par l’Etat comme le voulait l’UE.
Sur les aides d’Etat, dans les bilatérales 0. Si cette règle s’appliquait, beaucoup de domaines seraient concernés. Il faudrait négocier.
Sur la libre-circulation, il y a un différend depuis 2005, nous ne l’avons pas reprise. C’est pourquoi des négociations n’ont pas abouti. Donc on n’en parle pas. Et donc ce n’est pas dans l’accord. Mais comme l’accord définit des mécanismes.
On estime qu’il faut faire des pas en avant, de négocier, d’aller au Parlement et ensuite ce sera au peuple de décider.
Si on ne fait rien, on peut espérer que rien ne se passe. On irait vers une lente érosion des bilatérales. On va avoir des obstacles au commerce qui vont se développer.